[:fr]X prend Y pour Z[:]

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Séance conjointe avec l’APFUCC
Organisée par Catherine Khordoc, Caroline Lebrec et Dominique Raymond

À première vue, pensée littéraire et pensée mathématique sont à mille lieues. Or, les passerelles entre les deux demeurent nombreuses. L’une d’entre elles est régulièrement explorée dans le champ des littératures à contraintes, notamment dans les œuvres des auteurs de l’Oulipo, car plusieurs sont des mathématiciens ayant choisi d’exprimer cette double culture, littérature et mathématique (Braffort, 1998) par l’écriture sous contraintes. La contrainte, telle que baptisée par les membres de l’Ouvroir de littérature potentielle, est un principe formel ou sémantique régissant l’écriture d’une œuvre, adopté sciemment par un auteur. Elle permet d’inscrire l’écriture dans un programme qui explore les possibilités de sa réalisation, sur les plans de l’écriture et de la lecture.

Cet atelier propose de délimiter les pratiques et les enjeux de la rencontre entre la littérature et les mathématiques, qu’elle passe ou non par une forme contrainte, qu’elle soit d’appartenance oulipienne ou non. Si mathématiques, littérature et contrainte s’amalgament à l’Oulipo de manière optimale, le groupe et ses travaux agiront ici comme le point de départ plutôt que l’aboutissement d’une réflexion d’ordre général et critique sur les liens qui unissent ces trois termes. Ce « cercle de conversation » se veut une invitation au dialogue interdisciplinaire, à l’expression de points de vue confinés généralement dans des sphères étanches.

Nous proposons les axes de recherche suivants :

  • Interroger les concepts communs : la forme, la figure, la règle, la formule, le jeu, les modes d’emploi, la configuration, la variation, l’analogie, le nombre, l’axiome, etc.; mais souvent appliqués de manière éloignée, comme le concept du neutre tel qu’il est utilisé chez Barthes ou dans les études queer, qui peuvent trouver un nouvel éclairage à la lumière de la théorie de l’abstraction en mathématiques, ou encore comme celui de l’« esthétique de la complexité » (Le Tellier, 2006), tel qu’on l’entend en mathématiques en termes de théorie des classes de complexité ou encore en didactique des langues dans les différences entre plurilinguisme et multilinguisme;
  • Étudier les asymétries : dans la perspective de l’auteur, le texte est envisageable comme une solution au problème posé par l’actualisation d’une contrainte. Suivant cette logique, dans une perspective lectorale, identifier la contrainte équivaudrait à faire la preuve mathématique. Or dans les faits, la lecture ne se passe pas de cette façon – voir par exemple les travaux de Frank Wagner (2001-2016) sur les questions de lisibilité d’un texte à contraintes, ainsi que ceux de Dominique Raymond sur le modèle cryptographique (2016), de Nathalie Berkman sur le modèle algorithmique (2015) et de Caroline Lebrec sur le modèle ludique des textes combinatoires (2012);
  • Examiner les travaux des Oulipiens mathématiciens ou les travaux mathématiques des Oulipiens, sous l’angle de la potentialité offerte par les figures géométriques et les figures de transposition, de factorisation, de graphe (sans circuit, sans cocircuits, à bifurcation), de fonction exponentielle, de carré bi-latin, d’arborescence, pour ne nommer que quelques-unes des applications littéraires de ces concepts mathématiques, ou plus précisément les liens entre la relation X prend Y pour Z, démontrés en termes de « multiplication » par Braffort (1973), de « conjecture » par Roubaud (1981) et via la structure d’un groupe non commutatif par Audin (2013);
  • Mettre en valeur un corpus hors Oulipo, notamment franco-canadien, qui réunirait littérature, contrainte et/ou mathématiques : Herménégilde Chiasson, Obom, Nicolas Dickner, Nicole Brossard, Jean-François Chassay, Line McMurray, Dominique Fortier, France Daigle, etc. Cette piste vise aussi l’étude plus axée sur le fond du texte littéraire : personnages, thèmes, récits touchant aux mathématiques, fiction/non-fiction, etc.

Les questions théoriques doivent être appuyées par des exemples concrets, des analyses poussées de textes qui s’inscrivent au cœur de cette problématique soit par leur contenu, soit par leur structure ou leurs représentations. Nous préférerions que les propositions de communication portant sur les représentations textuelles de la contrainte soient effectivement liées à une question de double-culture littérature et mathématique. Le corpus franco-canadien sera privilégié, car il reste à étudier en profondeur, mais tout autre contexte/corpus sera aussi bienvenu.

La publication d’une sélection des communications remaniées est envisagée.

Les propositions de communications, d’une longueur de 300 mots maximum, seront accompagnées d’une courte notice biobibliographique au format Word ou RTF, et seront à soumettre aux organisatrices avant le 5 janvier 2019.

Catherine Khordoc, catherine.khordoc@carleton.ca
Caroline Lebrec, caroline.lebrec@utoronto.ca
Dominique Raymond, dominique.raymond@umontreal.ca

Les propositions de communication doivent être soumises en français seulement. Les participants doivent être membres de l’ALCQ ou de l’APFUCC avant le 1er mars 2019. Veuillez consulter le site internet de l’ALCQ pour toute information concernant le processus d’adhésion ou d’inscription.[:]